VINGT-SEPTIÈME OUVERTURE

Un enfant découpe des lanières de ciel bleu,
les pose sur la page blanche.

Tantôt, il plantera cinq mélèzes sur la colline.
Roulera au bord de son dessin
quelques pierres magiques qui fermeront la porte
aux cauchemars qui grouillent dehors.

Pas de routes qui jaillissent comme des fleurs irréelles.[1]
Pas de goélands faméliques en plein vol,
ni de fleuve ourlé de vert et de sel.

Juste un sentier menant à une caverne.
Un refuge contre les attaques du mauvais sort.
Celles aussi des géants barbus
et des mains poisseuses.

En avant-plan, un bosquet de lilas
pour protéger la page.

Bien plus tard, l’enfant y ajoutera
le blanc zébré de la foudre.
Et la bourrasque qui souffle en tempête
dans le regard.

 

[1] Le vers en italique est de Tomas Tranströmer

Oeuvre de Denise Campillo
Enfance-acrylique et feuille métallique sur toile
www.denisecampillo.com