Février

Février

Les vieux de par chez-nous, je m’en souviens, prononçaient : « féverdgier ! » au lieu de « février » pour désigner ce mois pour lequel je n’ai vraiment aucune affection.

J’ai cherché un texte qui ferait contrepoids à mon aversion pour ces 28 jours de froid et de mauvais temps souvent.

Parmi les nombreux poèmes emmaillés dans les fils de la Toile, j’ai trouvé celui-ci de Léon-Paul Fargue… On dit de lui qu’il était, dans ses poèmes, souvent triste, mélancolique, mais aussi plein de tendresse.

« Dimanches » nous plonge au cœur de l’été… Odeurs d’herbes, musique d’orgue et de cloches, fleurs, voix d’enfants, douceur de l’air… Et cette présence si précieuse : « Ceux qui m’aiment sont là… » Un bien beau pied de nez à ce février inhospitalier.

DIMANCHES

Des champs comme la mer, l’odeur rauque des herbes,

Un vent de cloches sur les fleurs après l’averse,

Des voix claires d’enfant dans le parc bleu de pluie,

 

Un soleil morne ouvert aux tristes, tout cela

Vogue sur la langueur de cet après-midi…

L’heure chante. Il fait doux. Ceux qui m’aiment

sont là…

 

J’entends des mots d’enfant, calmes comme le jour.

La table est mise simple et gaie avec des choses

Pures comme un silence de cierges présents…

 

Le ciel donne sa fièvre hélas comme un bienfait…

Un grand jour de village enchante les fenêtres…

Des gens tiennent des lampes c’est fête et des

fleurs…

 

Au loin un orgue tourne son sanglot de miel…

Oh je voudrais te dire…

Léon-Paul Fargue, Poèmes suivi de Pour la musique, Paris, Éditions Gallimard, 1947, 184 p.